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a vaccination progresse, heureusement. Nous voyons chez nos pays voisins de bonnes nouvelles qui donnent espoir : ouverture des bars et des restaurants à Madrid, dans une Espagne qui semble avoir su endiguer, comme au Portugal, son niveau de contaminations ; quasi retour à la vie normale en Israël, avec la réouverture des bars, restaurants, mais aussi des discothèques, donnant lieu à des scènes de vie que nous pensions avoir oubliées ; annonces de Boris Johnson de dates fermes de réouvertures au Royaume-Uni – le 12 avril pour les terrasses et commerces non essentiels et le 17 mai pour tout le reste - permettant enfin de pouvoir se projeter. La reprise est presque là, et à chaque desserrement avéré de la contrainte sanitaire, les réservations repartent dans le secteur du tourisme et de l’hôtellerie. Nous avons aussi le souvenir du dynamisme de l’été 2020, avec une clientèle certes différente - plus domestique, plus orientée loisir - mais des taux d’occupation élevés, redonnant vie à notre industrie.

Et pourtant, la crise s’enlise. Partout la fatigue se fait sentir et l’attentisme gagne du terrain. Les clients veulent partir, mais réservent de plus en plus tard, ne sachant si leurs projets de voyage seront maintenus. Jamais notre secteur n’a autant vécu au ralenti, comme suspendu au rythme de la gestion publique. L’horizon de mi-mai a été annoncé, et c’est un premier progrès ; mais aujourd’hui, nous avons besoin de davantage de visibilité, avec des dates fermes, certaines, permettant aux voyageurs de revenir pour de bon. Et nous avons besoin, avant tout, d’une couverture vaccinale suffisante pour infléchir une courbe de contaminations encore trop élevée.

En cette période singulière de fin de marathon, dans ces derniers kilomètres mêlant impatience et épuisement, nous avons une conviction et une inquiétude. Notre conviction, c’est que plus que jamais les Français veulent pouvoir changer de cadre, partir en voyage pour se retrouver et passer du temps avec leurs proches. Notre inquiétude, c’est que la France rate l’opportunité du rebond de l’été, à cause d’un calendrier vaccinal qui déraperait, et qui nous ferait blacklister vis-à-vis de nos voisins européens – Boris Johnson ayant récemment évoqué un dispositif de « feux tricolores » classant chaque pays en fonction de son degré de maîtrise sanitaire…

Nous sommes donc à un moment décisif de cette gestion de crise ; nous devons dès à présent préparer un rebond économique qui arrivera, pour sûr. Et contribuer à en accélérer l’augure. Car chaque semaine supplémentaire de crise emporte son lot de dégâts non seulement sanitaires, mais aussi économiques, psychologiques… et sociétaux. Nous ne sommes pas faits pour vivre durablement dans une société de repli, de distanciation, de tout en ligne. Teams, Webex, Zoom sont indéniablement commodes, nous avons appris à travailler différemment, nous en garderons sans nul doute des bonnes pratiques, mais ce n’est pas cela, vivre.  « L’homme est un animal social », affirmait Aristote. Notre secteur plus que n’importe quel autre peut en témoigner : nous avons besoin de retrouver à la fois notre condition profonde et la possibilité d’exercer pleinement, avec passion, notre profession. Puissent les semaines à venir nous permettre d’endiguer à notre tour le virus avec un mur immunitaire efficace, des approvisionnements en vaccins au rendez-vous, et une gestion publique toujours plus pragmatique.

Ni gris, ni rouge : nous voulons tout simplement retrouver les couleurs de l’hôtellerie.

Maud Bailly

Posté le
8.4.2021

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