egroupées au sein de l’Alliance France Tourisme (AFT), les entreprises leaders du tourisme français interpellent les candidats à l’élection présidentielle sur les enjeux du secteur et les mesures à déployer lors du prochain quinquennat. Si toutes ces propositions sont formulées avec l’objectif commun de disposer d’une stratégie nationale à horizon 10 ans visant à redonner à la France sa place de leader mondial d’un tourisme d’excellence, certaines d’entre-elles nécessitent des prises de décisions urgentes pour préserver l’avenir de l’industrie touristique tricolore dans un contexte international fortement concurrentiel.
Les 5 enjeux et 10 propositions en un coup d'oeil :
Ériger le tourisme au rang de priorité nationale pour en faire une véritable industrie d’avenir
- Proposition 1 : Déclarer, soutenir et accompagner l’indispensable transformation numérique du secteur
- Proposition 2 : Bâtir la souveraineté numérique nationale pour protéger les données et les entreprises françaises
Repenser la gouvernance du tourisme vers plus d’efficacité et de simplification
- Proposition 3 : Déployer une gouvernance solide pour organiser le dialogue entre les instances du secteur
- Proposition 4 : Créer un guichet unique des services de l’État au sein des préfectures pour les professionnels du tourisme
Réinventer l’offre touristique sur l’ensemble du territoire
- Proposition 5 : Repositionner et moderniser les lieux touristiques existants
- Proposition 6 : Structurer l’offre de services et rendre accessible les destinations du territoire
Soutenir les entreprises du tourisme à poursuivre les investissements en faveur d’une relance durable
- Proposition 7 : Accompagner la transformation vers un tourisme plus durable et plus responsable
- Proposition 8 : Restructurer la dette COVID et faciliter l’apport de fonds propres pour une industrie qui doit investir constamment en faveur du maintien de la qualité de l'accueil et de la relance
Former, employer et donner l’envie d’entreprendre
- Proposition 9 : Créer un système éducatif d’excellence de niveau international et doté de formations trans-sectorielles
- Proposition 10 : Attirer des candidats, fidéliser les salariés et donner l’envie d’entreprendre
Focus sur deux propositions d'urgence
Restructurer la dette COVID et faciliter l’apport de fonds propres pour une industrie qui doit investir constamment en faveur du maintien de la qualité de l'accueil et de la relance
Malgré une relance indéniable de l’activité, la situation financière de nombreuses entreprises continue d’être préoccupante, notamment en lien avec le surendettement et le déficit en fonds propres générés par la crise.
La plupart des PGE devront être remboursés à partir du printemps 2022, sur une durée de 4 à 5ans. Le poids des remboursements en PGE et donc l’amoindrissement des flux de trésoreriedisponibles pénaliseront lourdement l’investissement sur les sites.
De surcroît, la capacité des entreprises à recourir au marché pour financer de nouveaux projetssera très fortement limitée et les ratios d’endettement liés aux PGE rendront ces financementstrès difficiles et avec des niveaux de garanties élevés.
L’AFT propose :
- De considérer l’étalement du PGE jusqu’à dix pour les entreprises qui le sollicite comme un refinancement classique et non pas comme un défaut de paiement avec les répercussions immédiates de notations pour les entreprises.
- Il convient en parallèle de renforcer les fonds propres et quasi-fonds propres en faveur des entreprises les plus endettées.
- Enfin, il est essentiel des créer les conditions (normes, procédure, fiscalité) qui améliorent les financements et l’attractivité des investissements en France.
Bâtir la souveraineté numérique nationale pour protéger les données et les entreprises françaises
L’État français doit préserver - ou reconquérir - sa part de souveraineté numérique face aux multinationales qui règnent sans partage sur les réseaux, il en va de la survie de notre économie.
C’est tout particulièrement vrai pour les entreprises du secteur touristique français de plus en plus dépendantes de la visibilité en ligne pour accroitre leur clientèle française ou étrangère. Ce faisant l’intermédiation de professionnels étrangers de l’e-tourisme rémunérés par des commissions très conséquentes, engendre une évaporation des marges pour ceux y ayant recours.
De surcroît, ces géants du numérique sont les mêmes entreprises qui collectent une masse gigantesque de données, les agrègent, les exploitent afin de probabiliser, voire orienter, les comportements des touristes, vers les entreprises qui auront réglé une plus importante commission afin de bénéficier d’un meilleur référencement… Le secteur du tourisme numériquedoit faire l’objet de régulation et les données doivent être recueillies pour être traitées comme une question stratégique pour l’économie française.
L’AFT demande donc la mobilisation de l’ensemble des moyens de l’État (dont l’INSEE, la Banque de France et les services du ministère de l’Économie) alliés à ceux des Régions et des grandes entreprises du secteur pour :
- Le développement d’une initiative de l’Etat concentrant la donnée gérée et produite par la force publique, y compris la donnée non spécifiquement touristique mais d’intérêt statistique pour le secteur (Volumétrie des déchets, de l’eau, de TVA collectée, etc).
- La réflexion sur un dispositif de régulation des commissions des multinationales du numérique afin d’endiguer la fuite de données et la future monétisation de celles-ci avec pour conséquence l’accroissement de la dépendance desentreprises françaises du secteur.
Focus sur deux propositions d'avenir
Concevoir des nouvelles instances solides et génératrices de dialogue entre public, privé et milieu associatif
Les instances du secteur et leurs compétences doivent être repensées pour plus de simplicité et d’efficacité. C’est pourquoi l’AFT propose un organe pluriel de pilotage pour enfin déployer stratégie à 10 ans permettant la transformation numérique du tourisme comme un enjeu national de compétitivité et d’attractivité.
- La création d’une instance de dialogue nationale qui permettra d’aborder tous les enjeux clés de la filière et les moyens d’y parvenir, rendre des avis sur les dispositifs légaux qui les concernent. L’objectif est de renforcer la confiance entre acteurs privés etpublics afin de construire ensemble la transition du secteur en prenant préalablement toute la mesure des impacts induits.
- La création d’une instance de dialogue local sur le tourisme sera utilement dotée d’une mission de réflexion et de propositions, à l’égard des régions et del’État, composée d’élus, d’acteurs socio-professionnels et de représentants du monde associatif. Cette démarche induit la nécessaire redéfinition des compétences territoriales au profit de l’échelon régional afin d’éviter l’enchevêtrement des compétences et les surcoûts budgétaires, notamment en matière de promotion des destinations où le trop grand nombre d’instances désorganisent complétement l’image de la destination.
- L’évolution en profondeur du modèle de l’agence de développement touristique dans une dynamique plus fédératrice et inclusive, en cohérence avec les instances ci-dessus proposées. Atout France doit redevenir une grande maison du tourisme au service des acteurs et qui porte une véritable ambition pour la destination.
Créer un système éducatif d'excellence de niveau international et doté de formations trans-sectorielles
La formation et l’apprentissage doivent constituer une priorité pour préparer l’avenir de nos jeunes et du secteur. Au-delà des infrastructures, il s’agit de revoir en profondeur les conditions d’enseignements et de formations professionnalisantes pour développer l’acquisition des connaissances dans une logique inter-métiers, inter-filières en cohérence avecles besoins des entreprises et des destinations.
- La création d’un pôle éducatif d’excellence trans-sectoriel visant à attirer les talents du monde entier et exporter un savoir-faire en termes de formation en tourisme en s’appuyant notamment sur la francophonie
- Le développement d’un réseau d’instituts de formation et d’écoles spécialisées présents dans tous les territoires et métropoles, afin notamment de créer des formations trans-filières relatives aux métiers de services permettant de décloisonner les métiers du tourisme.
- L’accroissement des mobilités professionnelles en simplifiant le dispositif de validation des acquis de l’expérience, en adaptant la formation continue aux nouveaux besoins des professionnels, en favorisant la mobilité intersectorielle grâce à l’élaboration de certifications inter-métiers.
Ces propositions au débat présidentiel invitent chaque candidat à s’exprimer sur sa vision de l’avenir du tourisme et de l’évènementiel français permettant d’ériger tout un pan de l’économie au rang de priorité nationale et d’en faire une industrie d’avenir pour l’économie nationale.