près deux ans de tensions, Alexandre Barrière succèderait finalement à son père Dominique Desseigne à la présidence du groupe, en avril prochain.
Un changement de gouvernement à la tête du groupe Barrière semble bel et bien se dessiner, même si le groupe Barrière déclare encore "ne pas avoir de commentaire à faire". Et ajoute, en insistant : "Rien n'est fait".
Concrètement, comme l'avait annoncé, en décembre dernier, le site internet "L'Informé", Alexandre Barrière, 35 ans, devrait cependant succéder, début avril 2023, à son père, Dominique Desseigne, à la présidence.
Un conseil d'administration prévu le 20 janvier 2023 pourrait entériner ce changement, dont les détails sont encore en cours de finalisation, en particulier la place qui sera réservée à Joy, la sœur d'Alexandre, dans la nouvelle gouvernance.
A noter aussi que la direction opérationnelle du groupe ne serait plus, dans l'avenir, dans le giron familial. Grégory Rabuel, l'ex-PDG de SFR, ayant été recruté par Barrière, c'est lui qui prendrait la direction du groupe en avril.
Cet heureux aboutissement ferait donc suite à plusieurs années de tensions entre Dominique Desseigne, le père, et Alexandre Barrière, le fils. Des tensions sur la stratégie à suivre étaient en effet nées entre eux au printemps 2020 lorsque, suite aux restrictions sanitaires imposées par la lutte contre la pandémie de Coronavirus, le groupe Barrière a souffert des fermetures administratives de ses casinos et de l’arrêt au tourisme. En outre, Dominique Desseigne était réputé ne pas vouloir lâcher les commandes avant 85 ans !
Groupe Barrière : une étape importante
Cette réforme de la gouvernance, si elle se confirme, sera une étape importante pour l'empire Barrière qui, en cent-dix ans, a connu seulement quatre patrons.
C'est en en effet en 1912 que François André a commencé son activité dans le domaine des casinos à Ostende, en Belgique. Il embauchera son neveu Lucien Barrière en 1951, avant d’en faire son légataire universel. À sa mort, en 1962, c'est donc ce neveu, Lucien Barrière, qui a pris les rênes de l’entreprise et lui a donné son nom, Lucien Barrière Hôtels et Casinos.
Après son décès d’une crise cardiaque, en septembre 1990, sa fille, Diane adoptive, lui a succédé à la tête du groupe, initiant des projets de rénovation. Las, en 1995, Diane Barrière-Desseigne a été victime d’un grave accident d’avion qui l'a laissée tétraplégique.
Son mari, Dominique Desseigne, jusque là notaire, a alors entrepris de la seconder pendant de longues années avant de lui succéder, désormais seul patron, à la tête du groupe, après sa mort en 2001.
Au fil des ans, Barrière est devenu une marque sous laquelle sont commercialisés les établissements de deux groupes distincts : le Groupe Lucien Barrière (GLB) et la Société fermière du casino municipal de Cannes (SFCMC).
Le Groupe Barrière : casinos, bars, restaurants et hôtels
Le Groupe Barrière exploite 32 casinos notamment celui, très prestigieux, de Enghien-les-Bains (il est leader en France), mais aussi plus de 140 restaurants et bars ainsi que 18 hôtels en France - dont un Palace à Courchevel -, à Marrakech et à Saint Barth, totalisant 2 300 chambres auxquelles s’ajoutent 17 Ryads à Marrakech. En 2022, il a ouvert son premier établissement aux Etats-Unis avec Le Fouquet's New York à Manhattan.
La Société de participation deauvillaise (SPD) qui est le holding familial, possédait ces dernières années 60 % du groupe Lucien Barrière, le reste appartenait à Fimalac, holding du milliardaire Marc Ladreit de Lacharrière, qui avait racheté la participation d’Accor en 2011.
La SPD détient par ailleurs 60 % de la Société fermière du casino municipal de Cannes (SFCMC, qui exploite les hôtels cannois Majestic et Grey d’Albion), cotée en Bourse.
Toutefois, à la faveur du changement de gouvernance en préparation, s'organiserait aussi une évolution de l'actionnariat, selon les informations parues dans Le Figaro et dans le magazine Challenges : Marc Ladreit de Lacharrière aurait accepté le principe d'une cession de l'intégralité des parts de Fimalac dans le groupe Barrière aux enfants de Dominique Desseigne.
Il serait prêt aussi à leur vendre les 10 % qu'il détient dans la SFCMC ce qui permettrait à la famille de posséder une part accrue du capital de cette entité dont le fonds Qatari Diar détient par ailleurs 23 %.